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critique sociale

se transformait en or et en argent, passe ; tout serait au mieux. Mais qui donc voudrait acheter trois fois plus qu’il ne lui est nécessaire de marchandises impossibles à conserver, et dont on ne pourrait se défaire contre argent ? Il faudrait donc procéder par troc en nature. Mais à quoi bon troquer ? Deux tiers inutiles d’une marchandise étrangère ne valent pas plus que deux tiers inutiles d’un produit qu’on a fabriqué soi-mème. On est aussi embarrassé de l’une que de l’autre.

Ces économistes ont d’étranges axiomes. Ils lâchent de ces énormités, et personne ne fait la moindre observation. Adoptée à l’unanimité l’hérésie, si monstrueuse qu’elle soit.

« L’or est la monnaie divisionnaire du billet de banque, comme le billet de banque l’est du chèque, le chèque de la lettre de change, et la lettre de change des virements de partie et des comptes courants. »

L’or, monnaie divisionnaire, comme qui dirait monnaie de billon de la grande monnaie, billets de banque, chèques, lettres de change, virements de partie et comptes courants, tous grands seigneurs de papier, qui deviennent en deux heures de simples torcheculs, quand l’humble monnaie divisionnaire les lâche d’un cran. Comme c’est ingénieux, en effet, de changer l’ombre en réalité, et la réalité en ombre. Un beau matin, toute cette fantasmagorie s’évanouit, et bienheureux ceux qui on