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par contrainte et qu’il faut sacrifier aux exigences de la révolte,

Continuons.

« Supposez », dit l’auteur, « que vous ne garantissez pas le privilège du producteur sur ce qu’il a obtenu par son industrie, il n’a plus de stimulant pour travailler, faire des efforts, prendre de la peine. »

Le procédé des économistes est fort commode, et encore plus simple. Il consiste à appeler producteur, non pas celui qui produit, mais celui qui force les autres à produire pour son compte. Du reste, quand l’économie politique déclare le privilège du producteur sur son produit l’unique stimulant possible du travail, des efforts, de la peine, elle se donne un démenti dans sa phrase même. Car le producteur, c’est l’ouvrier et il n’a point de privilège sur le fruit de son travail, il n’en retient que la part qu’on veut bien lui laisser, tout juste ce qu’il faut pour ne point mourir, dit elle-même l’économie politique. Quel est donc le stimulant qui le pousse à travailler ? Parbleu, un stimulant irrésistible, l’éperon par excellence, la faim.

« Supposez que vous ne garantissez pas la propriété des fruits du travail, l’accumulation de ces produits par l’épargne, le capital enfin, — et la source de cet élément indispensable, de ce levier de la civilisation, sera tarie. »