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critique sociale

rité, Telle est, en résumé, la formule de tous les organismes sociaux, depuis l’origine de l’humanité. On s’appuie de cette possession séculaire pour déclarer la légitimité de l’oppression. L’argument ne vaut pas. Il y a une condition pour qu’il soit légitime, l’ignorance, sa seule base. À mesure que la lumière se fait, l’argument faiblit, et, quand elle sera faite, il aura disparu.

L’oppression à triomphé, sans doute, partout et toujours, jusque aujourd’hui, mais non point sans combat. L’histoire n’est qu’un long récit de cette bataille acharnée. Elle a enregistré les sanglantes victoires de la propriété, ses lois atroces, son gouvernement impitoyable. La propriété ne s’est protégée que par les supplices contre les revendications instinctives et inconscientes du travail. Ce que l’on commence à discerner clairement dans les annales de tous les peuples, c’est la férocité des moyens mis en œuvre pour maintenir l’asservissement du travailleur, la domination du propriétaire. Le travailleur a été longtemps, il est encore, en bien des lieux, une propriété lui-même. Quand le progrès des lumières et de la morale commande enfin quelque part la suppression de ce crime, loin de le flétrir, on le justifie encore par une indemnité qui en consacre une fois de plus la légitimité. Ce crime a été une propriété. [l suffit, chapeau bas ! un dernier hommage à l’oppression qu’on abandonne seulement