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bastiat

utile, Jacques, le fabricant de rabots ! Il est vrai que cette fois il ne prête pas le rabot. Il le vend, contre sa coutume ; mais s’il n’est plus ici usurier en rabots, c’est pour devenir usurier en espèces. Il vend son rabot, ne pouvant le prêter à Guillaume qui a besoin d’une scie, mais il ne vend que pour prêter le prix de cette vente et en tirer intérêt. Comment oser dire qu’il s’est défait d’un outil qui lui était utile ? Et à quoi bon revenir à ce mensonge, inventé seulement pour mystifier le lecteur au début du boniment, mensonge qu’on a jeté de côté bientôt, pour installer Jacques prêteur de rabots à la douzaine ? Apparemment ces douzaines de rabots ne lui sont pas utiles pour menuiser. L’ouvrier le plus soigneux n’en possède pas plus de trois ou quatre.

« …… S’il est démontré que cet outil met l’emprunteur à même de faire des profits qu’il n’eut pas faits sans lui, s’il est démontré que 1e prêteur a renoncé à créer pour lui-même cet excédent de profits… »

Comment Bastiat ose-t-1l recommencer encore cette rengaine du prêteur qui se prive, qui renonce à un profit en cédant son outil, alors qu’il vient, deux pages plus haut, de déclarer très légitime le prêt d’une multitude de rabots à la fois ? Tout cela passe les bornes de la mystification.

Mars-avril, 1870.