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bastiat

n’ont lieu aux dépens du travail et du salaire. »

Cette affirmation si tranchante est le contre-pied de la vérité. Toutes les économies se font aux dépens du salaire et du travail. Dans l’ordre actuel, l’invention d’une machine, en remplaçant un certain nombre de bras par la mécanique, met à pied les ouvriers pour un temps variable. Il est faux que ces travailleurs mis à pied soient occupés aussitôt par le capital nouveau qui résulte de l’économie réalisée. L’événement prouve constamment le contraire. L’introduction d’une machine laisse toujours en chômage les ouvriers remplacés, et on comprend fort bien qu’ils ne puissent pas trouver immédiatement d’autres occupations. Il n’existe aucun motif pour que ces occupations s’improvisent en quarante-huit heures, ou même dans un mois. C’est par suite de l’économie résultant de la nouvelle machine que les consommateurs peuvent faciliter une production plus abondante. Dans tous les cas, il y a chômage forcé, de plus, baisse des salaires, paf suite de l’offre des bras inoccupés, double source de misère qui se prolonge.

Lorsque l’équilibre commence à se rétablir, la situation nouvelle est celle-ci : tout le bénéfice provenant de la découverte du procédé mécanique a au capital. Le bas prix du nouveau produit ne profite pas à l’ouvrier. Le salaire baisse juste en proportion de l’économie survenue. La somme du