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le communisme, avenir de la société

bonne foi réclamaient l’ajournement des comices jusqu’à pleine libération des consciences par une polémique sans entraves. Grand effroi pour la réaction, aussi certaine de sa victoire Immédiate, que de sa défaite au bout d’un an. Le gouvernement provisoire lui a livré avec préméditation la République qu’il avait subie avec colère.

Le recours au scrutin le lendemain de la Révolution ne pourrait avoir que deux buts également coupables : enlever le vote par contrainte, ou ramener la monarchie. On dira que c’est là un aveu de minorité et de violence. Non ! la majorité acquise par la terreur et le ballon n’est pas une majorité de citoyens, mais un troupeau d’esclaves. C’est un tribunal aveugle qui a écouté soixante-dix ans une seule des deux parties. Il se doit à lui-même d’écouter soixante-dix ans la partie adverse. Puisqu’elles n’ont pu plaider ensemble, elles plaideront l’une après l’autre.

En prévision des événements, déjà les mielleux de la réaction brodent des homélies sentimentales sur cette antienne : « Il est bien malheureux que les partis ne cherchent dans la victoire que les représailles, au lieu d’y chercher la liberté. » L’antienne est fausse.

En 1848, les républicains, oubliant cinquante années de persécutions, ont accordé liberté pleine et entière à leurs ennemis. L’heure était solennelle et décisive. Elle ne reviendra plus. Les