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le communisme, avenir de la société

l’ordre actuel, avec ses deux catégories de privilégiés et de parias ? Combien faut-il de servitudes pour faire une liberté ? 10, 20, 60, 100, 2.000, 30.000, 100 000 ? innombrables les tarifs, innombrables leurs applications. La chaîne seule ne varie pas.

Tout empiètement sur la liberté d’autrui viole la définition des moralistes, la seule légitime, quoique toujours restée un vain mot. Elle implique donc parité sociale entre les individus, d’où il suit que la liberté a pour limite l’égalité.

Seule, l’association intégrale peut satisfaire cette loi souveraine. Le vieil ordre la trépigne sans pudeur et sans pitié. Le communisme est la sauvegarde de l’individu ; l’individualisme en est l’extermination. Pour l’un tout individu est sacré. L’autre n’en tient pas plus compte que d’un ver de terre, et l’immole par hécatombe à la sanglante trinité Loyola, César et Shylock ; après quoi, il dit avec flegme : « La communauté serait le sacrifice de l’individu. »

Elle troublerait le festin des anthropophages, cela est clair. Mais ceux qui en font les frais ne trouveront pas mauvais ce dérangement. C’est l’essentiel. Sous quel prétexte d’ailleurs nous chercher querelle ? S’agit-il d’imposer le communisme à priori ? Nullement. On se borne à prédire qu’il sera le résultat infaillible de l’instruction universalisée. Qui pourrait condamner le