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critique sociale

au détriment des meilleures. Le Capitalisme, âpre au gain, l’œil aux aguets, a saisi la portée de l’association, et ce magnifique instrument de progrès est devenu entre ses mains un véritable chassepot, Il en use pour exterminer la petite et moyenne industrie, le moyen et le petit commerce.

Ces pauvres gens meurent, étouffés dans l’ombre, à la muette. Ni éclat, ni scandale. On ne voit, on n’entend rien. Ils disparaissent incognito, Ceci est bien autre chose que les émeutes de 1848, cause de tant de fureurs aveugles et de vengeances sans pitié. Les commerçants peuvent méditer à loisir la fable de La Fontaine, le torrent au fracas inoffensif, la rivière qui engloutit sans bruit dans ses eaux tranquilles, On passe le torrent, les pieds un peu mouillés ; on reste au fond de la rivière.

Sur les ruines du bourgeois modeste s’élève, plus savante et plus terrible que le vieux patriciat, cette triple féodalité financière, industrielle et Commerciale qui tient sous ses pieds la société entière ; l’astuce au lieu de la violence, le détrousseur de grande route supplanté par le pick-pocket.

Il était écrit que le passé, avant de mourir, frapperait son dernier coup avec l’arme même qui doit le tuer. En frappant, il s’est porté de sa propre main une blessure mortelle. L’association, au service du capital, devient un fléau tel qu’il ne