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apologue du menuisier, par bastiat

au pair dans la circulation, que ce soit aujourd’hui ou demain, rien à dire. Chacun est libre de dépenser à son heure, pourvu qu’il dépense. Mais voici poindre à l’horizon une physionomie de triste augure, certain voisin forgeron qui va nous dévoiler de douloureux mystères. Le pauvre diable a besoin d’argent. Pour quel motif ? Il le dit lui-même dans un humble speech, qui sent d’une lieue son économiste plaidant, en avocat Patelin, la cause de l’usure. Il désirerait se procurer plus de marteaux, plus de fer, plus de houille, pour améliorer, agrandir son industrie.

Eh ! non, bonhomme, ce n’est pas cela. Tu n’as pu réunir assez de gros SOUS pour renouveler le fer et la houille consommés par ton travail, Tues la victime des économiseurs d’un franc par jour. Lu as loyalement acheté leur produit, et ils te laissent le tien en plan. Te voilà contraint d’emprunter la monnaie dont leur manœuvre t’a fait tort. et ils ne te la prêteront pas gratis, écoute plutôt la réponse de ton cher voisin le menuisier, la réponse d’Harpagon, parbleu :

« Ah ! diable ! moi aussi, j’avais besoin de cet argent, et ça me portera préjudice de le céder. Mais enfin, pour vous être utile, je veux bien m’en priver un an, moyennant une part dans l’excédent des profits que vous allez faire. »

« L’excédent des profits ! » Oh ! Harpagon