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critique sociale

Vraiment, M. Bastiat fait aux prolétaires un discours par trop primitif.

« Qui voudra même les créer ? »

Ceci est autre chose, On en créera bien davantage, quand les thésauriseurs n’arrêteront plus la circulation des produits par la confiscation de l’instrument d’échange.

« Chacun les consommera à mesure…»

Le beau malheur ! Les instruments, les matériaux, les provisions doivent toujours être consommés à mesure, et, quand ils ne le sont point, c’est une calamité. Cette calamité, qui afflige trop souvent les peuples, est le crime : 1o des vautours qui dérobent les espèces à la circulation pour les prêter ensuite avec prime ; 2o des poltrons qui mettent leur argent en grève, parce qu’ils n’ont pas confiance ; 3o des castes riches qui, le lendemain d’une révolution, cachent leurs écus et suppriment leurs achats, même leurs commandites, par peur, par haine et par vengeance.

Ce qui se passe alors, à la désolation générale, c’est précisément ce qui parait si désirable à l’auteur, ce qu’il nous donne pour une condition absolue de prospérité : les divers produits ne sont point consommés à mesure. On ne les met pas en réserve… non, pardieu ! Ils s’y mettent eux-mêmes en réserve, sans le consentement des détenteurs qui s’arrachent les cheveux, de déses-