Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
critique sociale

ments de travail, ou des matériaux, où des provisions de toute espèce, doit les céder sans compensation, »

D’abord, nous avons prouvé que le créateur de toutes ces choses n’est jamais le préteur, mais l’ouvrier qui, hélas ! est bien obligé de les céder sans compensation équivalente. Et puis, qu’est-ce que céder sans compensation le fruit de Son travail ? Qui à jamais parlé de cela ? Personne ne doit céder et personne ne cède son produit sans compensation. Chacun le cède, au contraire, moyennant échange contre un autre produit, ou plutôt contre du numéraire qui procure un autre produit. Cela s’appelle vendre.

L’auteur trahit bientôt son artifice. « S’il en est ainsi, » dit-il, « qui voudra prêter ces instruments, ces matériaux, ces provisions ? »

Ah ! céder, c’est donc prêter ? Voilà du nouveau ! Céder et prêter, synonymes ! Qui s’en serait douté ? L’usure est tout entière dans cette facétie. Céder, pour le public, veut dire abandonner, et certes, moyennant compensation, rien de plus naturel et de plus juste. Pour l’usurier, céder signifie abandonner, moyennant compensation d’abord et restitution ensuite. Très commode, en vérité, ce système !

Confondre la vente et le prêt sous la même rubrique, et, de la légitimité de l’une, conclure à celle de l’autre, telle est en effet la prétention des