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critique sociale

On demeure ébahi, en comparant cette assurance superbe avec la profonde inanité des arguments. Pas l’ombre d’une preuve en faveur de la rente. Pas un mot qui réfute l’accusation d’iniquité, si vigoureusement formulée dans la première partie du discours. Rien que de burlesques doléances sur la méchante querelle faite à l’usure, comme si on insultait de gaieté de cœur une sainte dans sa châsse. L’opulence et l’oisiveté parasites de la misère et du travail ! Eh ! bien, après ? Ce scandale est le fruit naturel de l’opération la plus légitime, le prêt à intérêt. Le prêt à intérêt, voilà le salut de l’humanité !

Bastiat, dans son argumentation, part de ce principe que le prêteur de capitaux en a été d’abord le créateur. Où voit-il cela ? C’est le contraire qui est vrai. En général, celui qui prête ne crée rien… il faut excepter les hommes des professions dites libérales, écrivains, artistes, médecins , avocats, etc., tous ouvriers de la pensée. L’argent que ceux-là gagnent est un véritable salaire. S’ils le placent à intérêt, ils ont tort. Nous verrons que l’intérêt d’un capital quelconque est toujours illégitime. S’ils prêtent ensuite les sommes provenant de cette rente, leur tort est double. Car ils rentrent exactement dans la condition des prêteurs habituels qui tirent un revenu du labeur d’autrui.