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les apologies de l’usure

règle ? Les parvenus au patronat ne forment que le très petit nombre. De cette minorité infime a-t-on le droit d’arguer contre l’immense multitude qui naît, languit et meurt dans la détresse ? A-t-on le droit de la proclamer un ramas d’ivrognes, de débauchés et de paresseux ?

Eh !bien, soit ! accordé ! Cette masse innombrable n’est victime que de ses propres vices et mérite son sort. Alors c’est bien pis et la responsabilité se dresse autrement menaçante contre la société entière. Tout à l’heure elle n’était accusée que de faire des malheureux par centaines de millions. La voici coupable de fabriquer des centaines de millions de chenapans. Et en joignant à ce chiffre, après examen du dossier, les riches, cent fois plus débauchés, plus ivrognes et plus fainéants que les pauvres, qui du moins le sont à leur frais, cette société sacro-sainte reste convaincue d’être une épouvantable officine de sacripants, Donc, sa religion, son gouvernement, ses institutions,… horreurs, monstruosités. Vite une adresse au déluge, pour qu’il balaye de la face de la terre ce crime à milliards de têtes.

Reprenons le discours de Bastiat qui a la prétention d’être une réponse péremptoire aux griefs des ouvriers, l’apothéose du capital et la preuve sans réplique de sa légitimité, de sa bienfesance universelle. Le peuple n’a plus qu’à se prosterner aux pieds de ce dieu sauveur.