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critique sociale

se rencontrent là tout à propos pour fournir une réponse aux plaintes du prolétariat, une fin de non-recevoir contre ses revendications. On les cite en exemple. On dit : « Puisqu’une vie laborieuse et régulière conduit ceux-là de la pauvreté à l’aisance, souvent à la fortune, pourquoi pas les autres ? C’est donc leur faute. Qu’ils ne s’en prennent qu’à eux seuls, à leur paresse, à leur inconduite, et n’accusent point la société qui n’en peut mais. »

Ainsi posée, la question passe du terre-à-terre économique dans le domaine plus élevé de la physiologie et de la morale, À ce point de vue il ne convient pas de la traiter par incidence. Elle recevra plus loin son développement. Bornons-nous ici à relever la maladresse et l’imprudence des économistes. Le reproche de fainéantise et d’inconduite, tiré de l’exemple des parvenus, est leur gros argument contre la masse des ouvriers restés la proie de la misère. Ils ne paraissent pas sentir l’inconvenance et le danger, ni même entrevoir là portée de ces absurdes récriminations.

« Le bâton de maréchal dans la giberne de chaque conscrit » n’était qu’une arlequinade. La balançoire des salariés passés bourgeois est en même temps une ineptie, un outrage et une cruauté. Quel homme de sens à jamais pris texte de l’exception pour infirmer ou calomnier la