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critique sociale

intelligence. Du moins, s’il s’en sert, c’est pour son plaisir. Il lui est loisible de n’en rien faire, car il a une rente. Il ne travaille pas, et cependant il vit bien, tout lui arrive en abondance, mets délicats, meubles somptueux. élégants équipages ; c’est-à-dire qu’il détruit chaque jour des choses que les travailleurs ont dû produire à la sueur de leur front. Car ces choses ne se sont pas faites d’elles-mêmes, et, quant à lui, il n’y a pas mis les mains.

« C’est nous, travailleurs, qui avons fait germer ce blé, verni ces meubles, tissé ces tapis. Ce sont nos femmes et nos filles qui ont filé ; découpé, cousu, brodé ces étoffes, Nous travaillons donc pour lui et pour nous : pour lui d’abord, et pour nous, s’il en reste.

« Mais voici quelque chose de plus fort. Si le premier de ces deux hommes, le travailleur, consomme dans l’année ce qu’on lui a laissé de profit dans l’année, il en est toujours au point de départ, et sa destinée le condamne à tourner sans cesse dans un cercle éternel et monotone de fatigues. Le travail n’est donc rémunéré qu’une fois. Mais si le second, le rentier, consomme dans l’année sa rente de l’année, il a, l’année d’après et les années suivantes, et pendant l’éternité entière, une rente toujours égale, intarissable, perpétuelle. Le capital est donc rémunéré non pas une fois ou deux fois, mais