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La même constatation d’une odeur nauséabonde et persistante a été faite dans toutes les circonstances une troupe de soldats allemands a fait un séjour, même de peu de durée, dans un immeuble ou même en plein air.

Les inconvénients de la bromidrose dont sont affectés les soldats allemands ne sont d’ailleurs pas méconnus par le grand état-major. Des mesures spéciales ont été prescrites pour y remédier. Chaque année, des désinfections générales sont faites au moment des inspections, afin que l’odorat des généraux ne soit pas soumis à une trop rude épreuve. Ces nettoyages sont surtout appliqués avec rigueur au moment de l’incorporation des recrues.

C’est qu’il est fréquemment arrivé que de jeunes soldats allemands aient été suffoqués par l’odeur fétide qui se dégageait des pieds de leurs camarades. Des personnes bien renseignées m’ont assuré que c’était à ce dégoût qu’il fallait attribuer un certain nombre des désertions, si fréquentes. Beaucoup de jeunes alsaciens-lorrains déclarent que, dans les casernes allemandes, leur odorat était continuellement soumis au plus douloureux des supplices. Ceux qui ont eu l’occasion de servir en France ont assuré qu’aucune impression olfactive aussi désagréable ne les avait frappés de ce côté-ci du Rhin.

Cela s’explique par le fait que la bromidrose plantaire figure en France au nombre des cas d’exemption et que ceux, d’ailleurs très rares, qui en sont atteints, sont l’objet d’éliminations très strictement appliquées.

Un préfet qui a suivi les conseils de révision dans les départements de France les plus différents, me disait que malgré la rigueur de ces éliminations, on ne rencontrait pas plus d’un cas d’exemption sur quatre ou cinq mille conscrits. Il se souvient d’ailleurs que la physionomie de ces exemptés se rapportait au type qu’on désigne actuellement sous le nom de type « boche ».

Un alsacien, auprès duquel je me renseignais pour savoir si des exemptions du service militaire étaient faits en Allemagne pour le même motif, me répondit avec humour : « Si on se mettait en Allemagne à exempter les soldats pour cause de puanteur des pieds, il serait absolument impossible de recruter la garde impériale. »

En Alsace, l’épithète couramment employée pour désigner un allemand, à partir de 1870, fut celle de « Stinkstiefel ». La traduction littérale de ce mot serait « pue-bottes ».

Pendant toute la durée du Moyen-âge, l’expression « puer comme un goth » servit à exprimer l’idée qu’un individu exhalait une mauvaise odeur. Depuis l’annexion, « puer comme un alboche » était devenue la formule par laquelle les Alsaciens-Lorrains exprimaient la même impression olfactive.