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CONTES POPULAIRES

quand lui s’amusait à la vénerie, à l’écurie ou à table.

On comprend que Tricline ne fût pas heureuse dans de pareilles conditions ; sa vie monotone et triste s’écoulait comme un jour sans soleil. Ce cœur tendre s’étiolait faute d’avoir un aliment, cette imagination ardente étouffait sous les vulgarités d’une existence terre à terre.

Un jour, arriva au château de Roussillon un beau jeune homme, du nom de Guillaume Cabestaing, qui venait demander à entrer au service du seigneur Raymond pour se faire une carrière.

Ce jeune homme voulait apprendre ce qu’il fallait savoir alors pour devenir un jour un preux chevalier et un noble châtelain si la fortune lui souriait.

Cabestaing était provençal d’après le dire de plusieurs conteurs. Il était né à Cabestang, aujourd’hui Chabestan entre Veynes et Serres dans la vallée du Buech, petit cours d’eau qui se jette dans la Durance. Ses parents étaient d’origine noble, il est vrai, car ils appartenaient à une des plus anciennes familles du Gapençois. mais comme il n’était pas l’aîné, et d’ailleurs comme sa famille n’était