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Ils ressemblaient assez au paysan de la fable, auquel Jupin avait remis, pour les bonnes destinées de son champ, la libre disposition de la pluie bienfaisante et du soleil producteur et, qui, après en avoir usé sa guise, voyait son champ improductif à côté des superbes récoltes de ses voisins, pour lesquelles la nature seule avait distribué pluies et rayons. Mais, moins sage que le paysan de la fable, repentant aux pieds de Jupin et le suppliant de reprendre la direction des éléments, les gouvernants ont continué, malgré les plus désastreuses expériences, à se livrer sur les peuples à leurs agissements de haute fantaisie.

En nulle autre matière, il n’a été mieux démontré que l’humanité pouvait subir les impressions de tous les préjugés et les impulsions de toutes les folies.

Faut-il vous rappeler tous les édits étranges rendus en tous pays et en tous temps sur la population ? Faut-il vous rappeler les lois des Consuls et des Césars frappant inutilement le célibat chez les Romains et récompensant les justes noces ? Faut-il vous rappeler l’édit de Louis XIV de novembre 1666 offrant une exemption de charges publiques à ceux qui se marieraient avant 20 ans ou à ceux qui auraient dix enfants légitimes ? Au point de vue du développement de la richesse publique et de l’accroissement de la population, il eût mieux valu, au lieu de rédiger ce puéril édit, ne pas révoquer l’édit de Nantes, ne pas égorger les protestants et ne pas les chasser du territoire de la patrie pour le plus grand profit de l’Angleterre et de la Prusse naissante ! Et Napoléon Ier, il lui fallait des soldats à lui et à sa dynastie pour remplacer ceux tombés sur les champs de bataille et pour ajouter à la gloire sanglante et lugubre des Bonapartes, et Napoléon Ier promit à toute famille qui aurait sept enfants mâles d’en prendre un à sa charge, c’est à dire d’en prendre un à la charge des contribuables.