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Puis on oublie trop que, chaque jour, la France subit l’invasion étrangère et que cette invasion est fatale.

Chaque jour, les étrangers franchissent en foule notre frontière venant chercher sous le doux ciel de France travail, vie et bien-être. Chaque jour, ils se mêlent à la population française, qui les assujetit à sa puissante civilisation. C’est le sang nouveau qui est infusé dans le corps de la nation, mais c’est la nation qui l’absorbe sans qu’il exerce une influence appréciable sur l’économie de sa vie.

C’est ainsi que lorsque les légions romaines étouffèrent sous leurs lances et leurs faisceaux la liberté des cités grecques, renversèrent les temples de Corinthe et d’Athènes, victorieuses, elles furent cependant enchaînées par la civilisation hellénique, et que, si les marbres du Parthénon virent triomphantes les aigles quirites, le génie d’Homère et de Sophocle, de Platon et d’Aristote, fit à son tour la conquête du Capitole.

Sans doute, le législateur français doit se préoccuper de l’invasion étrangère ; il doit la réglementer tant au point civil qu’au point de vue criminel, imposer une taxe aux étrangers, les contraindre à la naturalisation, surveiller leurs agissements afin de n’ouvrir les portes de notre pays qu’à ceux qui sont d’honnêtes gens ; mais le législateur doit envisager sans crainte cette invasion pacifique, qui est conforme à toutes nos traditions historiques.

Cette invasion, elle a commencé à une époque, qui se perd dans la nuit des siècles fabuleux ; elle a commencé avec les Ibères et les Celtes, elle a continué avec les Romains, avec les Cimbres et les Teutons, elle s’est poursuivie avec les Visigoths, les Burgondes et les Francs, elle s’est terminée en sa période guerrière avec les Sarrasins, avec les Anglo-Saxons au temps de la guerre de Cent ans, avec les hordes étrangères de 1814 et de 1815. Depuis elle s’est continuée pacifiquement, mais elle s’est continuée non moins active-