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III

WOLF ET D’AUBIGNAC
Aubignacii haeresim, quam tuam fecisti....
M. Cesarotti, Epistola ad Wolfium.

Wolf, avant d’écrire les Prolégomènes, avait lu jusqu’au bout, nous dit-il, les Conjectures académiques de d’Aubignac et les avait relues à plusieurs reprises : « Le sage s’avise-t-il de mépriser ce qu’il ne connaît pas à fond ? Modestia vetat ullam rem contemnere priusquam eam probe cognoveris[1]. » Après l’élégance du style, la qualité que Wolf revendique le plus volontiers, c’est une sage et modeste patience, une méticuleuse attention aux textes et aux faits.

Or, treize ou quatorze années durant (c’est lui qui nous le dit), il avait rêvé, puis travaillé à son grand ouvrage sur Homère. Dès « son adolescence », il en avait formé le vœu pour le jour où l’on aurait enfin « les secours et les ressources dont le public avait la promesse » : il comptait mettre alors sa religion et ses soins à corriger Homère suivant les lois de la critique, à le doter de commentaires qui expliqueraient l’obscure histoire du texte traditionnel, les causes de ses changements et de

  1. Prolegomena, p. 19.