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il suffirait d’ouvrir deux livres seulement : le plaidoyer pour Homère de M. Andrew Lang, Homer and the Epic (1893), et le manuel de M. Henry Browne, Handbook of homeric Study (1908).

Toutes différences gardées touchant la sûreté de la méthode et l’ampleur de l’érudition, M. Andrew Lang est du même côté de la barricade que M. l’abbé Terret : en son premier chapitre, Homer’s Place in Litterature, il ressuscite Homère et lui rend sa place dans la littérature universelle. Mais les quatre chapitres suivants, Introduction to Wolf, Wolf’s Theory, Criticism of Wolf (III et IV), il les consacre à Wolf, source et début de toute critique homérique... Le manuel de M. Henry Browne, d’autre part, peut, toutes proportions gardées, être mis à côté du manuel de M. S. Reinach, autant du moins qu’une harmonieuse colline des Muses peut l’être auprès d’un écrasant Himalaya : quand, en son troisième chapitre, Historical Outlines of the homeric Controversy, M. H. Browne résume la question homérique, Wolf en est à ses yeux le premier héros et le plus audacieux ; ce « grand Allemand » est « le père de la critique homérique ».

On ne vantera jamais trop haut les services que le professeur Fr.-Aug. Wolf rendit à l’enseignement des antiquités en Allemagne, durant les quarante années qu’il professa à Halle d’abord (1783-1806), à Berlin ensuite (1808-1824). Louis-Épagomène Viguier avait été son élève : il nous a donné le portrait de ce « grand maître » qui, « à une érudition toujours vraie, sobre et forte, ennemie de la routine et du pédantisme, joignait la plus haute intelligence, le sentiment le plus vif du génie de l’antiquité classique, dont il semblait animé lui-même et dont il voulait donner la noble empreinte à la vie intellectuelle et morale des hautes écoles[1]. » Wolf fut un vi-

  1. Biographie Michaud, art. Wolf.