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temps que lui, il avait travaillé sur le même sujet. Wolf a copié Merian et il a prétendu qu’il avait ignoré le travail de Merian avant d’avoir rédigé son propre travail. Wolf a copié d’Aubignac et il a voulu prouver, par des citations mensongères, que d’Aubignac n’était qu’un vieux fou, et les Conjectures, un recueil d’inepties ou de paradoxes à la française.

La gloire mondiale dont fut payée une pareille conception de l’honnêteté et de la science, surtout la réputation que, depuis un siècle, les Français ont faite à ce génie d’outre-Rhin seraient pour nous surprendre, si le cas était unique dans l’histoire du dernier siècle. Mais Wolf fut-il seul de son espèce ?... est-il branche du savoir humain où l’Allemagne, depuis un siècle, n’ait pas eu son Wolf, grand ou petit, célèbre ou déconsidéré ? et même, dans toutes les branches de l’activité humaine, science, commerce, art, littérature, industrie, politique, etc., l’imitation n’a-t-elle pas été pour l’Allemagne de tous les temps, mais surtout pour l’Allemagne nouvelle et davantage encore pour l’Allemagne récente, le grand moyen de parvenir ? et le plagiat, l’une de ses habitudes, et le faux, l’un de ses péchés mignons ?

Dans les rapports de cette Allemagne avec l’étranger, individus ou nations, la morale du chiffon de papier ne fut pas inventée par M. de Bethmann-Hollweg, et les faux télégrammes de Bismarck n’ont jamais paru aux Allemands de mauvaise guerre. Je crois néanmoins que, parmi d’innombrables autres exemples, celui de Wolf est typique : je n’en connais pas où l’on puisse mieux discerner tout à la fois et les tares et les réels mérites de cette imitation allemande ; de tous les objets made in Germany sur un patron français, anglais ou italien, il en est peu d’aussi allemands que les Prolégomènes.

Avec tout son désir d’imiter la hardiesse française et de rompre avec la routine, Wolf se gardait bien de bra-