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Wolf en sa Préface de la Théogonie avait adhéré à ces idées de son maître, et Villoison les reprenait à son tour (dès 1788) pour les appliquer aux poèmes homériques ; car, à chaque phrase de Heyne et de Wolf, où Hésiode était mis en cause, Villoison ajoutait entre parenthèses et Homère : quid Hesiodo (ut et Homero), quid rhapsodis debeatur, difficile dictu est.., ; manifestum ex hoc et aliis locis fit tum cum colligerintur Hesiodi (ut Homeri) carmina, etc.

Le seul titre de propriété que Wolf pût faire valoir sur les idées qu’il exposait en ses Prolégomènes, c’était cette Préface de la Théogonie, où, dès l’année 1783, il avait, disait-il, exposé au sujet d’Hésiode les vues qu’en 1795, il reprenait au sujet d’Homère : ces considérations sur l’absence de l’écriture aux temps homériques étaient la clef de voûte de son système ; les Prolégomènes ne pouvaient avoir d’autres prétentions à l’originalité.

Nous voyons que, dès 1783, ces vues ne lui appartenaient pas en propre : le moins que l’on en puisse dire est qu’il les avait en commun avec Heyne, et le plus probable est qu’en vérité, elles lui venaient de ce maître, de ce bienfaiteur, de ce patron, comme il disait alors, auquel il était redevable du meilleur de sa science hésiodique. Dès 1770, c’est Heyne qui avait présenté aux lecteurs allemands l’Essay de Robert Wood, en célébrant « le vol de l’aigle de ce génie » anglais avec un tel enthousiasme qu’on l’avait parfois accusé de flatter, lui Hanovrien, cette Angleterre où régnait un Georges de Hanovre, lequel, bientôt après, avait décerné à son professeur de Göttingue le titre envié de Hofrath. Dès 1770, Heyne s’était donc rallié aux idées qu’en 1783, Wolf prétendait faire siennes, et c’était cinq ans avant les Prolégomènes de Wolf que les Prolégomènes de Villoison appliquaient aux poèmes homériques ce que Wolf et