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avant cette rencontre avec Merian, nous avons déjà vu plusieurs autres synchronismes pareillement fortuits entre l’apparition des livres de Wolf et les publications d’autrui. De pareils hasards ne sont pas impossibles. Mais la répétition de ces hasards est-elle vraisemblable ?... Une fois de plus, essayons de vérifier les dires de Wolf, en confrontant son œuvre avec celle de son devancier.

Le manuscrit de Venise ne contenant que l’Iliade, la publication de Villoison en 1788 ne comprenait pas l’Odyssée : or, en 1794-95, alors que Wolf promettait au public une recension de tous les poèmes d’Homère et des Homérides, il ne donnait — comme Villoison — que l’Iliade. Serait-ce que ses travaux n’eussent porté durant quinze ou seize ans que sur ce poème ? Il nous assurait pourtant que l’Odyssée l’avait occupé, elle aussi : pour son édition scolaire de 1784-1785, c’est par l’Odyssée qu’il avait commencé et, quand il nous parle dans les Prolégomènes de ses premiers travaux homériques, il dit s’être enquis d’abord des manuscrits nouveaux de la seule Odyssée ; ce fut là sa première pensée, dès le temps où il donnait au public son édition scolaire[1].

Comme il est regrettable que le résultat de ses études odysséennes n’ait pas paru en même temps que son Iliade ! Heyne n’aurait pas pu l’accuser de récolter, sur ce champ-là, les fruits du travail de Villoison... Mais c’est en 1804 seulement que devait enfin paraître l’Odyssée wolfienne, après une cinquième lecture, sans doute,

  1. Prolegomena, p. 16 : mihi vero paratis opibus acquiescendum putanti, quum Odysseae tantum novos codices quaererem, statim ab eo tempore quo poeta primum in hac urbe usui scholarum aptaretur, ipsa tunc curae meae festinatio, etc.