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etiam per Digamma aeolicum, dira Heyne), tout le monde savait que Heyne attachait une grande importance au rétablissement de l’ancienne orthographe ionienne et éolienne, et en particulier au rétablissement de la lettre digamma supprimée par les Attiques. Or, en sa fameuse note 84 des Prolégomènes, Wolf avait dit : « Bentley réservait la recension critique d’Homère pour sa vieillesse ; Dawès et autres nous apprennent qu’il voulait rétablir le digamma éolien. »

Que ce fût là une pointe sournoise à l’adresse de Heyne, on n’en saurait douter quand on lit, dans la correspondance de Wolf avec Böttiger, telle phrase du 7 mai 1795 sur « le troupeau de Heyne », der Heynesche grex, et telles lourdes plaisanteries « bovines » sur les cours de Heyne, die Hefte der Heyneschen Vorlesungen ad modum Lamberti Bovis[1].

Heyne savait mieux que nous à quoi s’en tenir sur le caractère et les intentions de son ancien élève. Aussi avait-il relevé tout aussitôt, dans sa communication du mois d’août, cette insinuation de la note 84 et il y répondait, dans les Göttingische Anzeigen du 21 novembre et du 19 décembre[2] : « Le conseiller aulique [Heyne] connaissait les idées de Bentley sur le digamma, tout aussi bien que celles de R. Payne-Knight... Il est regrettable que le professeur Wolf qui sait combien l’auteur estime son érudition, ne l’ait pas loyalement prévenu que, laissant de côté ses autres travaux, il s’occupait d’Homère ; l’auteur lui eût abandonné de grand cœur toute la partie critique du travail, qui ne pouvait être en de meilleures mains... L’interprétation reste encore un champ assez vaste à travailler. »

Tous les mots de cette phrase peuvent sembler hau-

  1. Cf. W. Peters, Zur Geschichte, p. 13.
  2. Göttingische Anzeigen, p. 1858 et 2034.