Wolf prit feu contre ce qu’il appelait l’injustice et même la jalousie de son ancien maître. Les insinuations de ses amis l’excitèrent encore : ils lui remirent en mémoire la tyrannie du « vieux » de Göttingue, ses dédains d’autrefois, ses dénis de justice. Une querelle suivit qui allait durer trois ans, Wolf publiant en 1797 une apologie virulente dans ses Briefe an Herrn Hofrath Heyne[1], Heyne répliquant d’un ton olympien par une lecture devant la Société Royale de Göttingue, en mars 1799, Historiae scribendae inter Graecos Primordia[2]. Une autre querelle entre Wolf et Herder vint se greffer là-dessus, et toute l’Allemagne érudite ou écrivante fut divisée entre wolfiens, heyniens et herdériens.
Nous n’avons pas à examiner ici le débat entre Herder et Wolf : depuis son retour de France, Herder avait adopté les idées de Diderot et de Rousseau, touchant les fameux poèmes d’Ossian et l’origine populaire de l’épopée ; mais ce sont là matières dont je sais qu’un autre s’occupe pour montrer que les « théories de Herder » ne sont, comme les « théories de Wolf » qu’emprunts ou imitations germaniques d’inventions françaises.
Dans le débat entre Wolf et Heyne, deux points seulement nous intéressent : l’un peut nous éclairer sur la bonne foi de Wolf ; l’autre touche aux droits du Français G. d’Ansse de Villoison. Ces deux points, d’ailleurs, sont le fond même de la querelle : c’est là-dessus que Wolf a discuté et tempêté. En son compte rendu de novembre 1795, en effet, Heyne n’avait en rien méconnu le travail de Wolf ; mais il avait proclamé les mérites de Villoison et fermement réclamé pour soi certains droits de priorité.
Commençons par ces droits de Heyne : « Le profes-