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avait pris, de ce côté, quelques précautions. Il écrivait à Böttiger le 8 mai 1795 : « Schütz a encore des doutes sur ce point de l’écriture qui, je pense, est mathématiquement démontré. Quel malheur que Merian m’y ait gâté la route ! Tout son Mémoire récemment paru n’est que vœux sans preuves. Je me suis imposé, après tant d’autres peines, celle aussi d’établir pour moi une réfutation de ce Mémoire (elle remplit sept grandes pages en manuscrit) afin d’être sûr de ne pas commettre la faute d’employer des arguments de même genre. Je le lui ai fait dire, à lui même, tout récemment : c’est un bien brave homme ! »

Je ne vois pas trop comment on peut concilier cette nouvelle histoire avec celle que Wolf nous racontait en ses Prolégomènes : s’il avait eu le temps de lire l’Examen, la plume à la main, et d’en extraire sept grandes pages de notes, que devient la « lecture précipitée » dont il nous parlait tout à l’heure ? — Pour éviter la faute de retomber dans l’argumentation de l’Examen, Wolf avait donc sous les yeux sept pages de notes et d’extraits de Merian, quand il écrivait son chapitre de l’écriture... Nous nous en étions doutés vraiment ; mais il fallait son aveu pour achever de nous convaincre qu’il avait pris, en effet, toutes les précautions et s’était donné toutes les peines du monde afin de ne pas laisser voir au public que ses arguments et ceux de Merian étaient identiques dans le fond et dans la forme. Ses peines n’ont pas été perdues, puisque, durant plus d’un siècle, je ne vois pas qu’on l’ait obligé de restituer à Merian ce qui était à Merian.

Il écrivait à Böttiger qu’il n’y a dans Merian que des vœux et pas de preuves, dessen ganze neuliche Abhandlung besteht bloss aus Wünschen ohne Beweise ; il avait insinué déjà cette calomnie dans la Préface écrite en mars 1795, deux mois auparavant.