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taires, à la façon de l’Énéide ou de la Henriade, mais deux séries de chants héroïques, deux collections d’épopées indépendantes ! Or, cette question des origines, c’est précisément ce que l’auteur des Prolégomènes se refuse à traiter, par crainte du « vide » ou de la « débauche divinatoire ». Jamais les « théories de Wolf » n’ont trouvé place ni dans les Prolégomènes de Wolf ni dans aucun autre de ses ouvrages, ailleurs que sur un titre[1].

Alexis Pierron, qui combattait les « théories de Wolf », mais ne se croyait que tenu davantage à lui rendre justice, expliquait ainsi l’étrange composition des Prolégomènes : « Les Allemands regardent les Prolégomènes comme un chef-d’œuvre littéraire et c’en est un, en effet, si on les compare aux livres de la plupart des philologues d’Outre-Rhin. Mais rien n’est plus faux que le terme par lequel s’est exprimée quelquefois cette admiration enthousiaste : on disait le Torse par comparaison à un des plus parfaits monuments de l’art antique. Mais la figure dont le Torse est le reste a été jadis entière, et c’est par la beauté de l’ensemble plus que par le fini des détails que le Torse est un chef-d’œuvre... Les chiffres romains que porte la pagination de 1795 prouvent manifestement que Wolf n’avait aucune intention d’écrire trois ou quatre volumes de Prolegomena ad Homerum. Ils prouvent plus manifestement encore que Wolf imprimait les Prolégomènes à mesure qu’il les composait. S’il eût donné d’un seul coup la copie,

  1. Fr.-Aug. Wolf, Praefatio ad Iliadem (1785), Kleine Schriften, I, p. 177 : quid ego ni faciam quod tam multi faciunt impune, ut librorum, quos emittunt, conditio et argumentum nihil fere conjunctum habeant cum inscriptionis praefatione ?