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raisse naturelle quand on n’a lu que les Prolégomènes. Mais la seconde ne paraît pas improbable quand on lit aussi l’Examen, et la note 54 de Wolf, à la page suivante, confirme peut-être cette probabilité.

Wolf dans son texte vient de nommer un certain Roussavius. Il ajoute dans sa note : « L’opinion de cet homme très pénétrant est tout à fait digne qu’on la transcrive ici tout entière, dignissima est acutissimi viri sententia quae tota huc transcribatur. » Quel est ce Roussavius ? et que vient-il faire dans une dissertation d’helléniste ?

Merian dans son texte citait quelques lignes de J.-J. Rousseau : Homère et Jean-Jacques ne passaient pas, en ce temps déjà, pour de très intimes compagnons ; même il est telle « conjecture de Rousseau » (Roussavius, dit Wolf, conjiciebat) que Merian n’attribuait qu’à l’impuissance de lire Homère dans l’original grec. Merian admirait néanmoins, comme il était naturel à un homme de lettres-philosophe et à un Suisse, « la profondeur (acutissimi viri, dit Wolf) et l’éloquence ordinaires » de Jean-Jacques. Donc : « Écoutons là-dessus le célèbre J.-J. Rousseau : J’ose avancer, dit-il, que toute l’Odyssée n’est qu’un tissu de bêtises et d’inepties qu’une lettre ou deux eussent réduites en fumée, au lieu qu’on rend ce poème raisonnable et même assez bien conduit en supposant que ses héros aient ignoré l’écriture. » Par la suite, Merian renvoyait à l’ouvrage de Rousseau : Essai sur l’Origine des Langues, chapitre iv.

Le docte professeur Wolf n’avait aucune des raisons de Merian pour être indulgent aux ignares de grec. Or la citation écourtée de Rousseau que Merian a faite ne suffit pas à Wolf ; il lui faut citer ici tout le passage ; à quoi bon ?... et cet huc tota se comprend-il, si Wolf n’avait pas , sous les yeux, Merian et sa citation écourtée