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Prolégomènes : Merian a autant de savoir que d’élégance, dit Wolf lui-même, docte et eleganter ; mais ne « faisant pas grand étalage d’érudition », il ne donne que les citations indispensables et ne renvoie qu’aux auteurs dont il s’est servi. Il est d’ailleurs au courant de ce qu’ont dit ses devanciers ; mais il sait que tout a été réuni soit dans les commentaires de Clarke ad Iliadem, II, 43, soit dans la dissertation de J. Rudolphus Wetstenius, De Fato Scriptorum Homeri (1686), et il se borne à y renvoyer le lecteur.

Merian écrivait (1789) avant que la quatrième édition de la Bibliotheca graeca eût paru (1790) : écrivant après la publication d’Harles-Fabricius, Wolf a pu, dans ses notes, faire ce grand étalage d’érudition dont nous savons la source. Mais ces notes ajoutent-elles le moindre poids aux arguments du texte et ne vaut-il pas mieux présenter dans leur vrai jour des raisons que des autorités ? C’est ce que Merian a fait docte et eleganter : si l’on veut juger de sa méthode, il suffit de lire son premier chapitre « sur les témoignages qui militent pour nous ».

Cités déjà ou indiqués par Wood, ces témoignages sont énumérés, traduits et développés par Merian de façon qui dispensait vraiment Wolf d’y revenir, bien qu’il y soit revenu. Ils sont d’ailleurs peu nombreux : un texte de Josèphe (celui que d’Aubignac et ses prédécesseurs alléguaient déjà et qui est le texte principal), une ligne du « petit » scholiaste, un passage d’Eustathe, — enfin et surtout, ce qui était depuis huit ans la grande nouveauté, — un endroit des scholies découvertes à Venise et « rapportées dans les Anecdotes. grecques de M. de Villoison ». Car Merian est, comme Wolf, au fait des dernières découvertes et il cite ce passage des scholies vénitiennes relatif à « Denys de Thrace, disciple d’Aristarque ».