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ce qu’il allait dire ou insinuer lui-même à l’encontre de Wood. Car nous avons déjà vu d’Aubignac (p. 99-101) alléguer le texte de Josèphe qui est le pivot de cette discussion : Josèphe soutenait expressément qu’Homère ne pouvait pas être l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée puisque, l’écriture n’existant pas, il n’avait pas pu les écrire.

« Joseph, — disait d’Aubignac, — célèbre par sa doctrine et par son mérite, veut montrer, en écrivant contre Appion, que les Hébreux ont des histoires bien plus anciennes que celles des Grecs. Les Grecs, dit-il, n’ont point d’écrits plus anciens que les poésies qui portent le nom d’Homère ; encore assure-t-on qu’il ne les a jamais laissées par écrit et qu’elles n’ont passé de main en main que par l’entremise de ceux qui les chantoient jusqu’à ce qu’elles aient été recueillies et jointes ensemble ; d’où vient qu’il s’y trouve beauconp de choses qui conviennent mal les unes avec les autres.

« Joseph pouvait-il mieux nous faire entendre la vérité de ce que j’ai dit ; car puisque cet Homère n’a point laissé par écrit les ouvrages qui portent son nom, il faut conclure qu’il ne les a jamais faits... Car comment est-il possible qu’il ait fait ces poésies et qu’il ne les ait jamais écrites ? comment peut-on les avoir [s]ues[1], surtout contenant p[rè]s de trente mil vers ? il faudrait qu’il les eût répétées toute sa vie et que des gens n’eussent point fait autre chose que l’écouter pour les apprendre. »

Ici encore, d’Aubignac est le prédécesseur de Wolf ; Wolf pourtant ne veut connaître que R. Wood : pourquoi ? pour les mêmes raisons, sans doute, que, plus haut, il voulait ne se réclamer que de Bentley. Raisons de prudence : cet « athée » de d’Aubignac concluait brutalement, effrontément, dangereusement, de la non-existence

  1. Le texte porte ici lues : le contexte me semble prouver que nous avons ici une faute de copie ou d’impression.