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sans aller jusqu’au bout[1] ! Ainsi parlent les Prolégomènes au chapitre xxviii et la Préface (p. 24) renchérit : « Combien l’Odyssée est supérieure à l’Iliade par les qualités admirables de composition ! Rien n’y est superflu ; rien n’y manque ; mieux encore, on ne peut s’arrêter nulle part sans avoir le sentiment que la suite manquerait beaucoup à l’attente du lecteur, beaucoup plus à l’intégrité de l’ouvrage. Notre Odyssée se compose en vérité de quatre ou cinq parties : quel plan personnel ou quelle habitude de son temps força le premier auteur de l’ouvrage à combiner cette série ? pouvait-il, devait-il en user déjà comme firent plus tard les tragiques quand, mettant sur la scène les chants des poètes épiques, ils unissaient plusieurs pièces en une trilogie et pouvaient dérouler toutes les conséquences d’un seul et grand événement ? »

Saluons encore au passage cette réminiscence de la plus aventureuse ou de la plus nouvelle des idées de d’Aubignac[2] : où donc, sinon dans les Conjectures, Wolf a-t-il trouvé cette hypothèse que des trilogies épiques avaient peut-être servi de précurseurs et de modèles aux trilogies du théâtre athénien ?...

Donc Wolf estime, dans cette Préface et dans les Prolégomènes, que l’Odyssée est un poème unique et intégral, si jamais aucune autre épopée le fut, operis illius integritas tanta est quantam vix ullum aliud epos habet.... On ne saurait être plus affirmatif. Or, Wolf écrit à Büttiger le 15 mai 1795, six semaines après la publication des Prolégomènes, deux mois après celle de la Préface, qui est de mars 1795 : « Laissez-moi vous le dire à l’oreille : dans l’Odyssée, toute la fin du

  1. Unde fit ut Odysseam nemo, cui omnino priscus vates placeat, nisi perlectam e manu deponere queat.
  2. Conjectures, p. 325.