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vait à Böttiger[1] : « Grand merci de tout cœur pour votre délicieuse lettre et pour les nouvelles que vous me donnez du patriarche Wieland. Mais, heus tu ! pourquoi m’imputer la faute d’avoir nié qu’il existe une belle et bonne unité dans l’Iliade et l’Odyssée, was geben Sie mir schuld ich leugnete dass in Il. und Od. eine gute Einheit sey ? où prenez-vous cela ? J’ai bien pu lâcher un mot, dire que cette unité n’est pas si admirable et qu’elle a pu se faire en partie d’elle-même... Mais je ne puis pas l’avoir niée, aber die Einheit kann ich nicht geleugnet haben... Il en va ainsi quand on court sur les charbons, comme je l’ai fait surtout en ces paragraphes ; en cet endroit j’ai dû supprimer vingt feuilles de mon manuscrit pour ne pas me laisser enliser trop profondément en une idée ; c’est pourquoi aussi j’ai été si bref sur les indices d’inauthenticité dans les derniers chants et de l’Iliade et de l’Odyssée... Donc, une fois encore : je ne nie pas l’unité, noch Einmal also, ich leugne die Einheit nicht ; dans l’Iliade, seulement, je vois des parties ajoutées postérieurement, nur in der Il. ist ein opus supererogatum nach der Ankündigung. » Et Wolf renvoyait Böttiger à sa Préface de 1795...

Si donc on voulait formuler les « théories de Wolf » d’après les Prolégomènes et d’après cette Préface, il semble qu’elles tiendraient en deux ou trois propositions essentielles :

1° Les poèmes homériques, en tant que matériaux poétiques, c’est-à-dire en tant que vers et chants séparés, sont l’œuvre d’un grand poète, nommé Homère ; mais on y peut trouver des vers, des morceaux ou des chants d’autres auteurs, d’Homérides.

2° Les poèmes homériques, en tant que poèmes continus, sont l’œuvre d’arrangeurs, qui, par des sutures ou

  1. Cf. W. Peters, Zur Geschichte, p. 11 et 12.