Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au sujet de l’Odyssée, il dit expressément (p. 121) que les arrangeurs, les diaskeuastes des siècles suivants n’ont fait que mettre bout à bout quatre ou cinq poèmes séparés, dont Homère était l’auteur, mais qu’il avait composés pour être récités à part. « C’est du moins ce que l’on peut se figurer, dit Wolf..., si l’on ne veut pas aller jusqu’à l’hypothèse, pourtant probable, que ces poèmes séparés sont de différentes mains (p. 39). » Cette hypothèse probable était, je crois, l’opinion de Wolf au sujet de l’Iliade. Car, une fois enlevés les six chants de la fin, qu’il semblait déclarer apocryphes, il semblait encore ne voir dans le reste qu’une collection de plusieurs poèmes, composés par quatre ou cinq poètes différents[1].

Mais, concluait Wolf en sa Préface de 1795, « ce sont là questions des plus grandes et des plus difficiles, qui regardent l’art conjectural de la haute critique, comme on dit aujourd’hui ; aussi n’ai-je fait que soulever quelques-uns des problèmes historiques ; je ne les ai pas résolus ; je les ai même compliqués ; j’ai démoli, sans rien mettre à la place[2]. »

De toutes façons, combien nous sommes loin des « impiétés » de d’Aubignac !... Pourtant, Wolf tenait encore à rabattre de son audace et voulait que ses amis ne lui fissent pas un renom de grand audacieux.

Un mois après l’apparition des Prolégomènes, il écri-

  1. Quatuor vel quinque majores rhapsodias, unamquamque trium pluriumve librorum. (p. 122) ; [non] multo diversum opus exiturum fuisse, etiamsi quatuor poetae telam detexissent (p. 120).
  2. Kleine Schriften, I, p. 201 : hae sunt questiones illae et maximae et difficillimae ; quae quia totae prope ad conjecturale genus altioris quam dicunt critices pertinent, nunc tantum eas difficultates objeci quas movebat historia ; auxi etiam eas, non removi ; dirui, non aedificavi ; verum non tam eos metuo qui nisi probabiliter confecta tali re conquiescere nequeunt quam religiosos quibus fidem antiquitatis labefactasse malo exemplo videbor.