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près les emprunts que, durant trente-quatre pages surtout (109-143), Wolf a fait aux Conjectures de d’Aubignac. Au bout du compte, quelle est son opinion dernière et véritable ?

« L’idée qu’on emporte des Prolégomènes, dit M. Maurice Croiset[1], c’est que l’Iliade et l’Odyssée sont un assemblage de morceaux originairement distincts qui ont été créés séparément par les Homérides et réunis plus tard en un corps par les soins de Pisistrate. »

Il est possible qu’on emporte cette idée des Prolégomènes. Mais il est possible qu’on en emporte une autre, si on lit le texte sans prévention d’aucune sorte : « Un système ordinairement accepté, ajoute M. Croiset, consiste à représenter l’Iliade primitive comme un poème complet, beaucoup moins étendu que l’Iliade actuelle ; il semble bien que ce fût là, au fond, la pensée définitive de Wolf, lorsqu’il écrivait dans sa préface de 1795, [en tête] des Prolégomènes : « On pourra, si je ne me trompe, arriver à démontrer clairement qu’il ne faut attribuer à Homère que la plus grande partie des chants des deux poèmes, le reste étant l’œuvre des Homérides, qui ont suivi les lignes tracées par lui d’avance[2]. »

Je crois que cette dernière formule est l’opinion fondamentale que Wolf aurait bien voulu, mais n’a pas osé présenter au public.

  1. Histoire de la Littérature grecque, I, p. 186 et 190.
  2. Kleine Schriften, I. p. 212 : id tamen poterit effici ut liquido appareat Homero nihil praeter majorem partem Carminum tribuendum esse, reliqua Homeridis, praescripta lineamenta persequentibus ; mox novis et insignibus studiis ordinata scripto corpora esse a Pisistratidis variisque modis perculta posthac a διασκευασταῖς, in levioribus quibusdam rebus etiam a criticis, a quorum auctoritate hic vulgatus textus pendet.