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Bentley n’en offre qu’une, mais des plus nettes, dans son livre en anglais contre Collins, Remarks upon a late Discourse of Freethinking in a Letter to N. N. by Phileleutheres Lipsiensis ; j’ai sous les yeux la première édition de 1713 et la septième de 1737 ; dans toutes les deux et dans les mêmes termes, on lit : Homer wrote a sequel of Songs and Rhapsodies to be sung by himself for small earnings and good cheer, at Festivals and other Days of Merriment ; the Iliad, he made for the Men, and the Odyssee for the other Sex ; these loose songs were not collected together in the Form of an epic Poem till about 500 years after. » Wolf continuait : « Quoi de plus clair que ces paroles ? et cela fut écrit à tête reposée, sans que l’ardeur de la discussion entrainât l’auteur, comme on le peut bien voir par tout le contexte ; pourtant, cette déclaration du prince des critiques, si nette et si remarquable pour l’époque (Bentley écrivait quelques années après le fameux ouvrage de Perrault), n’a été invoquée par aucun érudit en cette affaire : elle se cachait en un livre écrit surtout pour les théologiens ; peut-être passa-t-elle aux yeux du public pour une simple boutade ; presque tous l’ont négligée, tel La Monnoie dans Baillet, t. III, p. 277, quand il nous raconte les aveugles assauts d’Hédelin, tel encore Clarke, qui nous la transmet, mais sans chaleur et en trois mots, etc.... »

Voilà un bel exemple de la façon dont Wolf révère la vérité historique : ce n’est pas lui qui la néglige ou la tourne en ridicule ; il va la chercher jusque dans les livres destinés aux seuls théologiens, et il la rapporte tout entière, et la prise, et la vante ! Il est dur, impitoyablement dur pour les « inepties » des Français ; mais il proclame le mérite de ses vrais devanciers, Casaubon et surtout Bentley, lequel fut un peu la victime du grand bruit que menaient ces Français et leur