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diront les autres, — est sa théorie des rapports entre l’épopée et la tragédie grecques ; d’Aubignac pense que celle-ci est née de celle-là et que toutes deux sont des « œuvres dramatiques », dont la forme monologuée ou dialoguée faisait toute la différence. Comment traduire encore, autrement que par le français de d’Aubignac, le latin de Wolf en ce même chapitre xxvi ?

Pronum fuit ingenio graeco ex epicis ἀοιδαῖς mutanda forma, serere scenicam fabulam et fastidio quodam, ut fit, ejusdem cantilenae, ea quae in illis narrata erant personis dicenda dare, quasi ante oculos agerentur.

C’est dans une note de ce même chapitre xxvi que Wolf cite ou résume de si étrange façon les théories de d’Aubignac : à qui fera-t-on croire que, dans son texte, il le comprenait fort bien pour le piller, mais que, dans la note de ce même texte, il ne le comprenait pas ou ne l’avait pas assez lu pour le bien juger ?

Le grand homérisant français, G. d’Ansse de Villoison, celui que l’Europe entière tenait pour l’une des lumières de la philologie grecque et en qui Wolf lui-même saluait le successeur des Estienne, des Saumaise et des Casaubon[1], écrivait en 1796 à Sainte-Croix qui lui avait envoyé son compte rendu des Prolégomènes : « J’ai reçu avec la plus vive reconnaissance le beau présent que vous avez eu la bonté de me faire... Homère a trouvé en vous un défenseur digne de lui. Votre dissertation est un chef-d’œuvre de critique, d’érudition et de vrai goût. M. Wolf est un savant du premier mérite ;

  1. Kleine Schriften, I, p. 315 : cf. toute cette Epistola ad Villoisonium imprimée par Wolf en tête du De Prosodiae graecae Accentus Inclinatione, de F. V. Reiz.