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la valeur de ces prétentions et les relations que les « fils d’Achéens », sur les deux rivages de l’Archipel, purent entretenir avec ce puissant empire. La poésie achéenne fut-elle de même souche étrangère que la race de Pélops et d’Atrée ? Plus proches voisins, plus intimes alliés ou ennemis des civilisations levantines, vassaux et agresseurs, tour à tour, des empires assyrien, chaldéen et pharaonique, envahisseurs et exploitants des terres syriennes, ces Hittites de race indo-européenne étaient mieux placés que leurs cousins d’Europe pour être les premiers disciples et imitateurs des littératures du Levant : nous savons qu’ils avaient transcrit dans leur langue les épopées de la Chaldée.

L’Achaïe des Atrides, aux xiiie et xiie siècles avant notre ère, avait-elle déjà son épos et ses représentations épiques ? et les petits-neveux des héros en emportèrent-ils outre-mer les chants ou les thèmes quand, au milieu du xie siècle, l’invasion du soudard dorien chassa du Péloponnèse les chefs de leur société aristocratique et les obligea d’aller chercher une patrie nouvelle dans les îles et sur les rivages de l’Ionie ?...

Ne fut-ce au contraire qu’en ces cités ioniennes que l’on entendit les balbutiements, puis les premières tirades, enfin les grandes scènes et pièces du drame épique ?