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ses fils, avaient longuement travaillé à recueillir d’abord tous les vers épars du Poète, à les grouper et compléter, puis à « arranger » les Poésies.

Quand Dugas-Montbel, pour exposer au public français l’évangile selon Fr.-Aug. Wolf, écrivit son Histoire des Poésies homériques (Paris 1831), il ne manqua pas de préciser encore les idées du Maître : après les aèdes ou chanteurs, qui avaient composé les chants séparés, après les rhapsodes ou homérides, qui les avaient répétés et « cousus », les diaskévastes étaient venus pour les mettre en ordre et en bâtir nos deux Poésies actuelles, dont les diorthontes s’étaient faits ensuite les correcteurs et les éditeurs, dont les critiques d’Alexandrie et les grammairiens de Pergame avaient achevé la mise au net.

Personne ne croit plus aujourd’hui à cette histoire de Pisistrate : pure légende d’époque romaine ! Tous les textes anciens, touchant cette affaire, se répartissent chronologiquement en deux périodes et en deux versions ; avant Cicéron, personne ne semble connaître le rôle de Pisistrate ; après Cicéron, ce rôle semble de notoriété publique[1].

  1. Cicéron dit dans le de Oratore III, 34, 137 : Quis doctior eisdem temporibus aut cujus eloquentia litteris instructior fuisse traditur quam Pisistrati qui primus Homeri libros confusos antea sic disposuisse dicitur ut nunc habemus ? Je crois que ce disposuisse de Cicéron n’a pas été sans influence sur la création wolfienne de la diaskeué. Mais ce n’est pas ce mot qu’emploient les Grecs qui nous ont parlé de Pisistrate et de son œuvre homérique.