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gloire des boiteux ! avant d’être à Lemnos, il avait tourné bride, sur un mot du Soleil qui lui faisait la guette.

J’ai tâché de rendre en cette traduction le ton ironique ou même parodique de cet « hymne » étrange, en quoi les Anciens reconnaissaient déjà la plus certaine des « bâtardises » : sujet, ton, style et langue, tout leur y semblait étranger au Poète et ils donnaient de nombreuses et fortes preuves à l’appui de cette condamnation ; nous en verrons quelques-unes.

Cet apport est néanmoins de date fort ancienne : quelques-uns des manuscrits consultés par les Alexandrins ne l’avaient pas admis ; mais, dès le vie siècle avant notre ère, il avait intrigué, scandalisé déjà les Sages d’Ionie, Xénophane et Héraclite. L’histoire, — disaient-ils avec raison, — passait les bornes de l’impiété et de l’inconvenance :

Sur le seuil, Héphæstos, affolé de colère, avec des cris de fauve, appelait tous les dieux :

Héphæstos. — Zeus le père et vous tous, éternels bienheureux ! arrivez ! vous verrez de quoi rire ! un scandale ! C’est vrai : je suis boiteux ; mais la fille de Zeus, Aphrodite, ne vit que pour mon déshonneur ; elle aime cet Arès, pour la seule raison qu’il est beau, l’insolent ! qu’il a les jambes droites ! Si je naquis infirme, à qui la faute ? à moi ?… ou à mes père et mère ?… Ah ! comme ils auraient dû ne pas me mettre