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Le nom grec d’Ulysse, Odusseus, était aussi incompréhensible aux plus savants des anciens Hellènes qu’à nos linguistes les plus érudits. Les Commentateurs, qui tenaient néanmoins à l’expliquer, reprenaient l’une ou l’autre des deux ou trois explications que leur fournissait le Poète, — disaient-ils.

Au chant I, Athéna, terminant son discours dans l’assemblée des dieux, demande à Zeus la raison de sa colère contre Ulysse ; le calembour, dont use la déesse, Odusseus-odusao, ne peut pas se rendre directement en français ; j’ai cherché un équivalent : « Aujourd’hui, pourquoi donc ce même Ulysse, ô dieu, t’est-il tant odieux ? ». On ne saurait mettre en doute que ces deux vers appartiennent au texte primitif et que les Anciens aient fort goûté cette consonance étymologique et plaisante, comme ils disaient. Mais cette ironique et légère boutade devient au chant XIX un jeu de mots longuement préparé, lourdement appuyé et noyé dans une interpolation de soixante-douze vers : la Chasse au Sanglier du Parnasse.

Comment, à la naissance d’Ulysse, son grand-père maternel Autolycos lui avait donné le nom d’Odusseus ; comment Autolycos avait promis de faire un jour à son petit-fils les plus beaux présents ; comment Ulysse, jeune homme,