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même, quand c’est nécessaire », en se recopiant mot pour mot. Les Commentateurs des iie et ier siècles avant notre ère, s’efforcèrent de prouver que c’était toujours « nécessaire », même en cas d’invraisemblance ou d’impossibilités apparentes, même s’il fallait un peu violenter ou modifier le contexte, même s’il fallait faire quelque accroc à la grammaire, à la logique, voire au bon sens, pourvu que l’on fût sollicité par une analogie avec d’autres passages ou par le besoin d’unifier plusieurs textes ou par le désir d’augmenter, de mieux assurer les fondements de la vraisemblance.

Mais ces calculs, ruses ou malfaçons, tout ce travail conscient des scribes et des éditeurs eurent moins d’effets peut-être que certaines méprises, dont ils furent les premières victimes : nombre d’insertions sont venues, comme d’elles-mêmes, s’imposer à leurs yeux, plus encore qu’à leur mémoire ; elles étaient dans la marge de leurs modèles ; c’est de bonne foi et même involontairement qu’ils les firent passer dans le texte de leurs copies.

Certains de nos manuscrits nous montrent ce qu’était une édition d’Homère destinée aux études de l’école ou des érudits : en un mélange indiscernable parfois, le texte occupait le centre des pages et tout autour, en haut,