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Poète » ; avoir des copies « que n’ait raccourcies aucune correction » : le libraire-éditeur dut considérer cette double règle comme la première condition du succès commercial ; l’Homère complet, — voire complété, « revu et augmenté », — « se vendait » ; copiste et éditeur faisaient leurs affaires, si, au bout de chacun de leurs chants homériques, ils pouvaient inscrire le plus beau total de vers « légitimes ».

Je ne doute pas que, dès le temps athénien, un très grand nombre de nos insertions n’aient eu cette origine commerciale : le profit immédiat, le gain sonnant a toujours été l’un des plus puissants moteurs de la vie hellénique ; les préférences et les exigences du gros public durent toujours faire foisonner le texte homérique dans ces éditions « communes », « populaires », « vulgaires », qui revivent en nombre de nos manuscrits sur papyrus et qui formaient alors la majorité.

Ajoutez le souci littéraire de certains éditeurs et l’idée que les théoriciens se faisaient du ton et du style homériques. Le Poète, — disaient les Anciens, — n’est jamais à court : il ne recule jamais devant aucun détail, aucun développement pour obtenir cette clarté limpide et, tout ensemble, chatoyante, qui est le propre de ses moindres mots ; « il allonge