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tain : les meilleurs omettent les vers 139, 140 ou 148 ; d’autres ajoutent un « surnuméraire », 148a, qui est copié, mot pour mot, du chant III (vers 340) ; d’autres enfin, brouillant l’ordre traditionnel, écrivent le vers 148 avant 147, ou rangent soit 148, 148a, 147, soit 147, 148a, 148, soit enfin 149, 148. Des indices de cette sorte dénoncent souvent les vers insérés.

Or, le vers 148 figure ici en dépit de sa signification homérique et rituelle. C’est à la fin des repas, — non pas au début, — c’est pour l’offrande aux dieux, — non pour la soif des humains, — que le « couronnement des cratères » prend place : au chant XXI de l’Odyssée (vers 270-272), la cérémonie n’a lieu qu’après une journée de festin, quand les prétendants songent à quitter le mégaron d’Ulysse ; dans l’Iliade au chant IX (vers 174-176), c’est quand les chefs des Achéens se séparent, et au chant I (vers 470-471), à la fin du repas. Un contraste dans le groupe de nos vers 145-149, peut nous éclairer : le verbe de 148 est à l’aoriste, au milieu de verbes à l’imparfait.

II. — A la fin du chant XV de l’Odyssée, Eumée et Ulysse, dans la cabane du porcher, s’endorment après s’être conté leurs aventures ; mais leur sommeil est court, car voici l’aube (493-495) et déjà, sur la plage du bas, Télé-