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Ulysse. — Vraiment, Amphinomos, tu me parais très sage et digne de ce père, dont, à Doulichion, j’entendais célébrer le renom, ce Nisos si bon, si opulent ! Puisqu’on te dit son fils, je veux te prévenir : tu me parais affable ; écoute et me comprends. [Sur la terre, il n’est rien de plus faible que l’homme ; tant que les Immortels lui donnent le bonheur et lui gardent sa force, il pense que jamais le mal ne l’atteindra ; mais quand, des Bienheureux, il a sa part de maux, ce n’est qu’à contre-cœur qu’il supporte la vie. En ce monde, dis-moi, qu’ont les hommes dans l’âme ? ce que, chaque matin, le Père des humains et des dieux veut y mettre !… Moi, j’aurais dû compter parmi les gens heureux ; mais en quelles folies ne m’ont pas entraîné ma fougue et ma vigueur !… et j’espérais aussi en mon père et mes frères !… L’homme devrait toujours se garder d’être impie, mais jouir en silence des dons qu’envoient les dieux.] Je vois ces prétendants machiner des folies ! Ils outragent l’épouse et dévorent les biens d’un héros qui n’est plus éloigné pour longtemps, c’est moi qui te le dis, de sa terre et des siens ; il est tout près d’ici !… Ah ! que, te ramenant chez toi, un dieu te garde d’être sur son chemin, le jour qu’il reverra le pays de ses pères !

Est-il possible de croire homérique ce discours où nombre de mots dénoncent une interpolation de date récente ?

Mais si le texte actuel se présente avec tant de surcharges, quelle créance lui accorder ? quels vers homériques admirer sans trop