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tissante], et le vaisseau courait sans secousse et sans risque, et l’épervier, le plus rapide des oiseaux, ne l’aurait pas suivi.

Deux comparaisons se succèdent : ce vaisseau est un quadrige ; ce vaisseau est un épervier. Certains des Anciens condamnaient le quadrige, l’attelage à quatre chevaux : Homère, — disaient-ils avec raison, — ne connaissait que les attelages à trois.

Au chant XV de l’Iliade, (vers 679-693), on retrouve non seulement tous les mots de notre texte odysséen, mais encore les deux comparaisons pareillement juxtaposées, avec cette différence qu’elles ne font pas double emploi et tiennent compte des usages homériques : chacune s’applique à un héros, l’une à Ajax, l’autre à Hector, et les quatre chevaux ne sont pas attelés à un char ; ce sont des chevaux montés, sur lesquels voltige un écuyer.

Deux comparaisons se suivent de même au chant IX (vers 382-395). Ulysse raconte comment il aveugla le Cyclope, en lui plantant dans l’œil un pieu chauffé au rouge :

Vous avez déjà vu percer à la tarière des poutres de navire, et les hommes tirer et rendre la courroie, et l’un peser d’en haut, et la mèche virer, toujours en même place ! C’est ainsi qu’en son œil, nous tenions et tournions notre pointe de feu, et le sang bouillonnait autour du pieu brûlant : paupières et sourcils