Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

La clef homérique ne sert pas à faire jouer une serrure : c’est une barre de bois que l’on pousse pour fermer la porte et que l’on tire pour la rouvrir. La manœuvre est décrite à plusieurs reprises ; le moindre doute ne saurait subsister ; les portes dans l’épos n’ont que ces barres-verrous ; au lieu de boutons pour les manœuvrer comme nos verrous de métal, des courroies y étaient adaptées qui, passant par des trous du panneau, pendaient au dehors ; un nœud à secret n’assurait qu’une fragile fermeture ; nuit et jour, il fallait un gardien ou une surveillante devant les entrées interdites… Cette belle clef d’ivoire doit donc disparaître de notre Poésie.

Les interpolateurs ont fait de semblables placages d’ivoire et d’or sur plus d’une pièce du mobilier homérique ; ils en ont fait d’analogues sur plus d’un passage du texte odysséen. Parmi les embellissements, dont ils l’ont affublé, ne prenons que les comparaisons.

Au chant XIII, le vaisseau phéacien emporte à toutes rames Ulysse endormi :

Mais déjà sur ses yeux, tombait un doux sommeil, sans sursaut, tout pareil à la paix de la mort [ : comme, devant le char, on voit quatre étalons s’élancer dans la plaine et pointer tous ensemble et dévorer la route sous les claques du fouet ; ainsi pointait la poupe et, dans les gros bouillons du sillage, roulait la mer reten-