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pailleté d’or et de pierres précieuses : ce n’est pas un lourd et trop long vêtement pour la pensée qui doit le porter. Les Anciens ne perdaient pas une occasion de vanter la légèreté, la concision, parfois même la sécheresse des beaux vers homériques.

Mais le Poète, qui sait nous décrire le luxe éblouissant de certains manoirs royaux (il était alors des rois opulents), sait aussi donner à ses Poésies la parure qui convient aux jours de fête : leur royale simplicité revêt, quand il le faut, les plus nobles, les plus somptueux atours. À l’époque classique, néanmoins, cet appareil ne suffisait pas, — semble-t-il, — aux récitants ou aux copistes : ils voulurent amplifier et le luxe des vieux rois et les parures du vieux texte.

Au début du chant XXI, Pénélope s’en va chercher au « trésor » l’arc et les haches qui serviront au concours entre les prétendants :

Par le haut escalier, la sage Pénélope descendit de sa chambre : sa forte main tenait la belle clef de bronze, à la courbe savante, à la poignée d’ivoire ; elle allait au trésor avec ses chambrières…

Clef vraiment royale ! du bronze, de l’ivoire, de l’art ! Mais dans la langue de l’épos, le mot « clef » ne désigne pas le même instrument que dans la langue classique.