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troisième, — a connu deux sortes de songes, ceux qui viennent de Zeus, du ciel, et ceux qui viennent d’en bas, des enfers ; or les cornes se dressent vers le ciel, et les défenses de l’éléphant pendent vers la terre ».

Le bon élève Virgile a traduit au chant VI de son Énéide (vers 893-896) :

sunt geminæ Somni portæ, quarum altera fertur
cornea, qua veris facilis datur exitus Umbris ;
altera candenti perfecta nitens elephanto,
sed falsa ad cælum mittunt insomnia Manes.

Seule, la lecture des Commentaires bien ou mal compris, complets ou comprimés, a pu nous valoir dans cette imitation le Ciel, ad cælum mittunt, et les Enfers, umbris, manes.

Pour apprécier la valeur littéraire de ces inventions, que l’on imagine, en quelque scène de Racine ou de Corneille, un vers de ce ton :

Un éléphant, hélas ! nous trompe bien souvent...

Encore ce vers serait-il métriquement juste : l’interpolateur de notre passage odysséen, oublieux de la vieille orthographe, a fait l’un de ses vers homériquement faux...

Au chant VII, Ulysse est entré dans le manoir du roi Alkinoos ; il s’est jeté aux genoux de la reine Arété ; on l’a relevé ; on lui a donné à souper, puis Alkinoos a congédié ses hôtes en