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Drapées dans leurs étoffes teintes, parées de leurs ornements peints, souriantes, un peu fardées, élégantes, toutes gracieuses, elles ont repris dans l’Athènes d’aujourd’hui leur vie sereine et sage. Elles sont bien plus près de nous que les nobles figures de l’âge classique. Elles inspirent à leurs visiteurs un sentiment plus vif que l’admiration, moins vif pourtant que l’amour, moins confiant que l’amitié. On les devine un peu distantes et sans abandon. Le même demi-sourire et le même regard un peu bridé leur donnent à toutes la même expression ironique ou ambiguë. De l’une à l’autre, les traits et caractères individuels sont si peu accusés, la coupe et les plis du vêtement, le geste des bras, la structure du masque osseux, les pommettes saillantes, le front étroit sont si pareils qu’elles semblent des sœurs bien plutôt que des contemporaines : on ne sait à laquelle on pourrait adresser tout son cœur.

C’est à ces familières d’Athéna Polias, — « Notre-Dame de la Ville », — à ces incarnations de l’urbanité ionienne, que ressemblent de tous points celles des scènes de notre Odyssée, qui sont authentiques. Peu importe qu’elles soient ou ne soient pas toutes du même père : elles sont toutes sœurs par les traits, l’allure, l’élégance, le costume à grands et petits plis, la parure un peu avivée, la dignité sans hauteur,